vendredi 6 mai 2016

The Voice : pour un verdict Clément


 « Le niveau monte », « ça se professionnalise », « l’exigence est toujours plus forte ». A force d’entendre seriner ces balivernes chaque samedi soir, on finirait par en être imprégné. Un peu comme avec le « La France va mieux » de qui nous savons.
Pourtant, elle est bien creuse et décevante cette saison 5 de The Voice. La défection (momentanée on l’espère) de Jennifer laisse la place à un unanimisme lénifiant.  La sorcière de Speloncato est décidément irremplaçable, même malgré le sympathique retour de Garou. On a la nostalgie de ses commentaires creux comme la grotte du Sdragonato, de ses pensées étroites comme les gorges de l’Asco, de ses saillies désespérantes comme le désert des Agriates. Adieu la « signature vocale » et le « trop plein d’information, j’veux dire ». Bonjour la romance avec l’un de ces jeunes écervelés qu’elle a le talent de dénicher. Mais qu’elle nous revienne bien vite !
« Le niveau monte », peut-être, mais l’intérêt baisse ! Il est vrai que le quota de chanteurs folkloriques et de hurleuses interchangeables a singulièrement baissé. Mais avec eux ont aussi disparu les fortes personnalités que l’on apprenait à aimer les années précédentes, comme Al Hy, Spleen, Yoann Launay ou Luc Arbogast. Les rares artistes hors normes ont vite été évacués cette année, comme l’azeri Araz, la phénoménale Oma Jali, Granhill ou Lucas K. Abdul. Adieu aussi la merveilleuse Mirella. C’est oublier que depuis la saison 3, le pli est pris que la plus belle voix ne gagne jamais.
Mais tout de même, quel manque d’aspérités, d’originalité, d’énergie ! Où sont passés les Maximilien Philippe, Igit, Elodie Martelet, Jacynthe Véronneau ou encore Stacey King, qui avaient ébloui la saison 3, de loin la plus enchanteresse de l’histoire de l’émission. Au lieu de cela, on verse dans « l’exigence ».
Alors d’accord, ne boudons pas notre plaisir d’être émoustillés par le piquant d’Amandine ou épaté par le culot d’Antoine (qui chante mieux que Mick Jagger, mais ce n’est pas le premier). Il avait été héroïque sur Heroes et plus que convaincant. Mais il reste un peu jeune pour faire un gagnant « bankable ».
Outre cette jeunesse punchy, la dernière soirée a laissé en lice six autres candidats : le trio Arcadians a des airs de Frérodelavega survitaminés. Ils se sont qualifiés sur « Say something » : difficile de se planter. Mais que l’on était loin du merveilleux duo de l’an passé réunissant Pagny et Anne Silla ! Slimane est né pour chanter le désespoir et inviter les auditeurs au suicide. Pour que le plaisir soit complet, il devrait chanter du Calogero. Sa grandoliquente prestation sur une ridicule bluette de Kendji était pathétique. Il peut bien sûr gagner compte tenu des penchants mortifères de certaines adolescentes. Sol, de son côté, crie bien mais a oublié deux des qualités qui font un artiste : la mesure et la modestie. En revanche, le matériel vocal et l’envie sont là.
Il reste enfin en lice trois concurrents d’exceptions. MB14 est un exceptionnel artiste protéiforme. Il saura tenir en haleine des salles surchauffées pendant des soirées entières. En plus, le gars est sympa et intelligent. Allez hop, en finale ! Anahi dispose elle aussi de moyens hors du commun et propose des prestations à l’avenant. Rien ne résiste à sa justesse, à sa puissance et à sa sensibilité. La classe mondiale. Une carrière à la Mauranne ou à la Elaine Page l’attend. Streisand est déjà passée par là. On ne sait jamais… Reste enfin Clément Verzy. Retenu à la dernière seconde des auditions à l’aveugle, on a tout de suite repéré sa belle gueule de vainqueur (de The Voice, entendons-nous bien). Lui a tout pour gagner : la voix, le look, la présence. Un timbre et une sensibilité qui marquent. Il ferait un beau gagnant, ça nous changerait des deux dernières années.



NB - Pendant que Prince et Billy Paul chantaient leurs dernières notes, l’industrie du disque à donné naissance à deux pépites : « Opération Aphrodite », de Manset et « Palermo Hollywood » de Biolay. A écouter en boucle…

jeudi 30 avril 2015

dimanche 26 avril 2015

Nos amis les bêtes…



Dans quel navire perdu sombrera Lilian Renaud, comme tant d’autres jeunes idiots écervelés par les paillettes et leurs évanescences ? Je ne veux aucun mal à ce pauvre garçon, mais qu’il fait peine à voir et surtout à entendre… Un bref coup d’œil en arrière nous rappellera les tristes destinées de Stephan Rizon, premier vainqueur de l’épreuve, disparu aux oubliettes, de Johan Fréget, interprète de génie mais piètre compositeur. Sans parler du gadget gitan Kendji, qui fait encore se faire fondre nombre d’adolescentes. De la chair à minettes, telle est la vox populi que veut cette émission. Ca fait vendre de la galette, ça fait rentrer les pépètes. Peu importe si l’amoureux de la musique se retrouve comme un poussin ayant perdu son omelette…

Hier soir, donc, eut lieu la finale si attendue que la cote du fromager ne valait même plus 1,01 contre 1 chez les books les plus charitables. Puisqu’il était écrit qu’Anne Sila dût se gaufrer, cela fut fait grâce à un choix de chanson dramatique. Tout le talent de la demoiselle n’a rien pu contre cette pégasserie de Chandelier qui aura porté la poisse à toutes celles qui auront voulu s’y réchauffer cette année. Même la Callas n’en tirerait pas le moindre miel… David a sur le champ ringardisé Michael Jackson (ça fait du bien), alternant Elvis et moonwalk. Avec sa propre personnalité. Ne cherchons plus à qui il ressemble, sinon à lui-même, ce môme est une future star.
On a pu avoir peur en entendant Côme se lancer sur l’inusable Toi mon frère. Il l’a chanté comme on navigue sur un nuage, malgré l’acrobate qui se débattait dans son dos. Les progrès de ce gosse sont résolument palpables. Malgré la faiblesse de ses choix antérieurs, Jennifer, la cochonglière des Aiguilles de Bavella avait presque tiré le gros lot…
Le pire survint évidemment avec le vainqueur prédéclaré : que n’est-il resté fabriquer son frometon ? Chanter juste n’est pas un signe d’intelligence, et poussé à ce stade, cela relève de l’ânerie. Lilian a chanté en yaourt un Alléluia comme l’on chante un requiem. Il s’agit d’un air de fête, point d’une complainte, n’en déplaise à ce vieux machin de Léonard Cohen, qui ne saurait constituer une référence. Cela se chante en souriant, les bras ouverts, le corps offert, et de préférence sans micro… Mais ce garçon n’a pas de gras : il n’y a nulle épaisseur dans son chant. Mets de l’huile, mon petit ! Son duo de ratiocineurs sur Over The Raimbow avec un improbable britannique a atteint les sommets de la ringardise par le truchement de la fadeur. Quand l’on pense que, la veille, Juliette Gréco ouvrait sur ces mêmes notes le Printemps de Bourges du haut de ses 88 ans…Dieu que ce moment fut pénible !
Dans les instants précédents, David, confronté à Véronique Sanson, n’avait guère brillé face à l’assourdissant charisme de La Patronne : « dans un autre monde, une autre galaxie… ». D’une façon générale, les duos se sont d’ailleurs cantonnés dans le mineur. Après que Côme a susurré une anglosaxonnerie destinée à arrondir ses aspérités, le regard fiévreux de Julien n’a pas réussi à transmettre à Anne-Sila les mystères de Paris Seychelles.
Les duos avec les coaches, eux, ont réservé d’heureuses surprises, David et Mika nous embarquant dans une Eltonjhonnerie enjôleuse, avant le massacre organisé du sublime Là-bas par le fromager et le jeune fille de bonne famille. Le Superstition de Steevie Wonder de Côme et Jennifer fut un régal de joie et de tonus. Comme quoi, quand on occupe la bouche d’une corsiquette, ça l’empêche de dire des âneries… Quant au Say something d’Anne Sila et Florent Pagny, il confinait tellement à la perfection que Florent invitât de sa voix impérieuse la belle Anne à faire résonner le merveilleux Stradivarius de sa voix jusqu’à sublimer Céline Dion.

Quel final de rêve ! Mais maintenant, la fête est finie. On pourra toujours débriefer tout ce que l’on voudra, ma télévision est désormais débranchée jusqu’au prochain Tour de France. A bientôt et merci à tous !

samedi 18 avril 2015

Trois rois mages autour d'un âne


Le monde est bien mal fait. Enfin, surtout, les règles de The Voice. Ce soir, il suffisait de prendre les quatre premiers candidats et de les qualifier pour la finale en renvoyant les quatre autres à leurs chères études : une fois passées les équipes de Mika et de Pagny, la qualité musicale est en effet retombée vite fait.


Pour ouvrir le direct, le stress était palpable dans l’équipe de Mika : l’enjeu se lisait sur le visage des candidats.
Toujours aussi élégant, chantant toujours aussi juste, David Thibaut a réussi dans un décor de flipper à transformer un titre Rn’B de Beyoncé en un rockabilly à sa façon. On l’a déjà dit ici, mais ce garçon a vraiment la musique dans la peau.
Hiba a très mal démarré, ayant du mal à poser sa voix, avant de chanter régulièrement faux, voire très faux, jusqu’au bout. Même si « Pas là » de Vianney n’est pas un sommet de la musique, la belle a livré sa plus mauvaise prestation depuis janvier. Autrement dit, elle n’était « Pas là »…
Leur duo sur « Something stupid » de Nancy Sinatra, parfaitement glamour, était en revanche délicieux, comme dans un rêve qui nous aurait porté du Liban au Québec et du Québec au Liban.
Cerise sur le gâteau, une affirmation (?)  troublante de Mika : « Ils sont tellement différents l’un de l’autre qu’ils me ressemblent ». Est-ce à dire qu’il ne se ressemble pas lui-même ? En tous cas, son pyjama de secouriste de l’armée sudiste, lui, ne ressemblait à rien.

Revoir le duo (sans doute le meilleur moment de la soirée) en cliquant sur l’image ci-dessous :

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/en-duo-david-thibault-et-hiba-chantent-something-stupid-pour-8595615.html

David qualifié pour la finale.


La rayonnante Anne Sila malgré quelques passage relevant de la voix de gorge, est restée dans un registre « gueulard » imposé par un air passablement fastidieux (« My immortal », chanson qui ne restera pas immortelle). En tout état de cause, on a l’impression qu’elle peut tout chanter. Il lui était donc totalement inutile de danser en même temps. Et, comme Hiba, elle nous a proposé ce soir sa plus mauvaise, ou plutôt sa moins bonne performance depuis le début de la compétition.
Stressée elle aussi, Camille Lellouche a attaqué assez faux le « Double je » de Christophe Willem. Se reprenant, elle a ensuite donné une puissance souriante à cette mélodie que l’on n’a pas l’habitude d’entendre chantée par une vraie voix. Dotée du registre le plus large des concurrentes en lice dans cette demi-finale, notamment grâce à ses graves, elle a montré qu’elle avait tout d’une grande.
Leur duo sur du Céline Dion (« Destin ») était un régal de complicité à un point tel que par instants l’on avait l’impression de n’entendre qu’une seule voix.
A l’heure du verdict, alors que Nikos lui demandait pourquoi il avait donné deux points de plus à Anne Sila, Pagny a répondu « Parce qu’elle a bien dansé ». Très gentleman sur ce coup, le maestro !

Anne qualifiée pour la finale.



En voyant apparaître les visages des deux ectoplasmes de l’équipe de Zazie,  nous sommes partis faire chauffer la soupe, laissant le chien seul face à la télévision. Selon cette brave bête, ça ne valait même pas un chuchotement de chihuahua…
En entendant de loin, sur du Calogero, les vocalises du fromager (comme toujours pourvu de sa casquette de plouc mettant en valeur ses oreilles décollées), je pensais qu’il aurait eu sa place dans les opérettes de Marcel Merkès et Paulette Merval. Ou qu’il devrait faire un duo avec Batista, le morbier et le brocciu ayant tout à gagner dans une cause commune.
Zazie a affirmé, les yeux alanguis, que Lilian lui donnait envie de ceci, envie de cela. Moi il me donne surtout l’envie d’éteindre la télé.
L’inverse avec Guilhem, sans doute agréable à regarder à condition de couper le son. Avec son air inspiré, il a une fois de plus chevroté et chanté faux, ce qui apparemment ne dérange personne. Moi, si. Déjà que « Foule sentimentale » m’en touche une sans faire bouger l’autre, sa reprise en valse lente a manqué m’endormir.
Le duo de nos deux gugusses laissait craindre le pire. En fait, on a eu droit à un gag : Lilian a trouvé le moyen de chanter du U2 comme à la messe ! Ridicule. Le bôgosse était davantage dans son élément. Dommage qu’il n’ait pas chanté comme ça plus tôt !

Lilian qualifié pour la finale.


Passé ce triste intermède, sur du George Michael, Côme a fait du Côme, mais en mieux. Très juste et énergique. Il est de tous les candidats celui qui a fait le plus de progrès au cours des mois. Rien à redire si ce n’est que le résultat n’est ni désagréable ni original.
On ne saura jamais à quel produit carbure Batista avec son air extatique. Sur l’Ave Maria de Schubert, on pouvait légitimement penser qu’elle avait vu la Sainte Vierge. Toute à ses pensées éthérées, elle s’est laissée aller à nasiller comme une vieille porte qui grince (d’accord, une porte qui nasille en grinçant, ça ne doit pas facile à trouver, mais en Corse, on ne sait jamais…). Rareté dans The Voice, elle est la première candidate à donner l’impression de s’être décomposée au fil des semaines.
Leur duo sur « Take me to the church » fut de loin le plus mauvais des quatre. Si Côme a fait le boulot, on se demande ce que Batista faisait là. Qu’importe, elle fera une bonne choriste pour I Muvrini…

Côme qualifié pour la finale.


Les jeux sont donc presque faits. La production de TF1 a choisi ses favoris, diffusant honteusement durant les intermèdes des interviews de coaches avouant leur préférence pour Anne et pour Lilian. Du coup, je mets tous mes espoirs sur Côme et David

jeudi 16 avril 2015

Quand Zazie fait sa Jennifer…




Les qualifications pour la demi-finale se sont déroulées sur un choix de chansons établi par les téléspectateurs d’après une présélection proposée par les artistes et leurs coaches, ce qui explique une nette baisse d’intensité par rapport à la semaine dernière. Les qualifiés participeront en outre à la Tournée The Voice à travers la France.

Sur le « Blues du businessman », Awa s’est montrée trop courte et pas assez à l’aise, surtout lorsque l’on se souvient de la prestation de Maximilien Philippe l’an dernier. En un mot, un choix de chanson qui l’aura sacrifiée. Dommage, on l’aimait bien…
Redoutable défi pour Camille Lellouche sur « You know I’m no good » de la divine Amy. Retenue et personnalité pour la présence, puissance et justesse pour la voix, du grand Camille. Mika a loué son « intelligence émotionnelle » : comprenne qui pourra. Sauvée par Pagny.
« Si j’étais un homme » est une merveille de la chanson. Il faut de sacrés arguments pour l’aborder. Or sans l’être encore vraiment, Anne Sila est une grande pro. D’emblée, elle nous a embarqués dans le bateau vert et blanc pour une envoûtante traversée locale. On ne sait si l’émotion l’emportait sur la maîtrise vocale. Qualifiée haut la main par les téléspectateurs.

Pour le plaisir, revoir la prestation d’Anne-Sila en cliquant sur l'image ci-dessous.

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/anne-sila-chante-en-direct-si-j-etais-un-homme-diane-tell-8592440.html


Dans l’équipe de Jennifer, nous voilà enfin débarrassés d’Alvy après avoir encore souffert. L’entendre chanter (encore un peu) faux ce tube douloureux de Christophe Maé relevait de la double peine. Même si c’était une prestation plutôt sympathique, elle n’éveillait guère d’intérêt.
Sur « S’il suffisait qu’on s’aime », Battista a chanté (un peu) plus juste que la semaine dernière. Mais sur cette mélodie très « scolaire », l’ensemble était pâle, insuffisant et sans relief. La grande Céline était bien loin. Sauvée par la buse de Bocognano, évidemment.
Sur le sombre « Rodéo » de Zazie, Côme a livré de loin sa meilleure prestation depuis le début de la compétition. Très juste, sans éclats de voix superflus, Côme a accompli des progrès méritoires qui lui donnent l’accès à la demi-finale grâce au vote du public.

Peu de surprises avec l’équipe de Mika. Si ce n’est, une fois de plus, la surprenante performance David, cette fois sur « Close to me » des Cure. Non seulement excellent chanteur, il s’est montré charmeur et danseur convaincant, d’une grande aisance, avec une élégance exempte de toute ostentation. David a surmonté avec brio le handicap de sa jeunesse. Sauvé par Mika.
Pas grand-chose à dire à propos d’Hiba, qui a réussi à imposer son style vocalement irréprochable sur le mythique « Amoureuse » de Véronique Sanson. Mais le risque, c’est que cette perfection technique ne laisse transparaître que trop peu d’émotion. Choisie par le public.
Yann’Sine a fait ses adieux sur une chanson « Impossible » qui n’était vraiment pas faite pour lui. Trop d’aigus forcés sur un air qui demande plus de maturité : il a déçu ce soir. Mais sa fraicheur, son imagination et son culot resteront une délicieuse découverte qui justifie l’existence de The Voice… Au revoir, le « Peter Pan » marocain, comme l’a salué Mika.

La performance de David est ici :

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/david-thibault-reprend-en-direct-close-to-me-the-cure-8592445.html

Le plus mauvais moment de la soirée arrivait avec l’équipe de Zazie. Guilhem a été ectoplasmique sur « Clocks » de Coldplay. Je comprendrais qu’il vende des posters aux jeunes filles. Des disques, moins. Une fois de plus indigne de ce niveau, tout comme son compère Lilian, le fameux garçon laitier, ennuyeux comme le brouillard sur la forêt des Vosges. Il a exécuté le captivant « Angel » de Robbie Williams totalement à contre-sens, tel un chanteur d’art lyrique là où il fallait être rock n’roll. Décidément navrant. Sélectionné par le public.

Yoann, retenant très souvent sa grosse voix, a livré une « Corrida » parfaite, non seulement par sa justesse de ton mais aussi l’intelligence des attitudes. Il a encore donné de la profondeur à ce texte tant de fois entendu. Un grand artiste que l’on reverra sans doute sur les scènes pour notre plus grande joie, mais pas dans l’immédiat, puisqu’il a été éliminé par Zazie au profit de Guilhem. Surdité ou démagogie ? Mademoiselle Truchis de Varenne a commis l’une des plus grandes injustices de l’histoire de The Voice.

Pour résumer, l’écrémage des effectifs depuis deux semaines a bien affadi la compétition, avec des choix très conformistes mâtinés d’une connotation communautariste (Hiba, Battista). De quoi couper l’envie de regarder la demi-finale et la finale, si ce n’est pour le plaisir de réentendre David et Anne Sila.


La soirée a donné lieu à un concours d’élégance assez contrasté. Entre l’élégance classique de la tenue noire d’Anne Sila et l’extravagant déguisement de Battista, l’éventail était large si l’on y rajoute la veste de Mika, tenant à la fois du tissu camarguais, du Far West et de la tenture orientale. Quant à Jennifer, à laquelle on n’aura pour une fois rien à reprocher, sa robe montre qu’elle est déjà en partance pour la plage…

samedi 4 avril 2015

Deux gars, une fille…


Enfin les directs ! Diront les uns. Le début de la fin, diront les autres. Déjà, plusieurs jeunes gens talentueux ont été renvoyés à leurs cours de chant, et ce soir, l’épée de Damoclès allait s’abattre sur le quart des effectifs !

Après une superbe entrée en matière sous forme de défilé inaugural, la piste était libre pour les « debs » du live et le moins que l’on puisse dire est que l’on n’a pas été déçu, y compris par le pire…

Le serial-fashioned Mika a ouvert le bal en lâchant David sur « Feeling my way to the darkness ». Classe, justesse de voix, accent, ce  môme est épatant. On sent une influence « preyslienne » permanente dans ses intonations tant que dans ses déhanchés. Un simple régal.
Le petit prodige Yann’Sine doit avoir des ancêtres magiciens. Quelle intelligence d’esprit, quelle richesse de voix, quel registre, et quel talent dans sa modulation des aigus ! Il « vole », a-t-il chanté. Alors, petit, « Spread your wing and fly away », l’avenir s’offre à toi !
Sharon Laloum n’avait pas l’élégance de ses deux prédécesseurs. Et malgré son interprétation méritoire d’une bien banale litanie de la pop anglo-saxonne, elle est apparue bien pâle.
Toujours aussi belle, toujours aussi pro, Hiba a chanté aussi bien qu’on le puisse une mélodie insipide de Britney Spears.
Hiba et David sélectionnés par les téléspectateurs. Yann’Sine retenu par Mika.

Incroyable comme ce Yoann a la musique dans la peau. Il a transfiguré le « Désenchantée » de Mylène Farmer en sublimant paroles et mélodie de cris de rage vocalement irréprochables. Il évoque, par son aptitude à réinterpréter des airs mille fois entendus, le Julien Doré de la Nouvelle Star 2007, ce qui n’est pas peu dire.
Après cette prestation ébouriffante, il restait à Zazie de nous livrer ses trois autres poulains en pâture. Il serait temps que Lilian, le crémier doubiste, fasse sa mue au lieu de nous rejouer « Les choristes » tous les samedis. Qu’il prenne garde, le goudron et les plumes le guettent : Jean-Michel Jarre et Christophe ont du avaler leur night cap de travers après l’avoir entendu s’aventurer sur leurs « Mots bleus ». La voix de ce garçon est un supplice.
C’est à croire que « Diamonds » de Rihanna est devenu un étalon pour les concours de chant. Mais quelle maîtrise technique et quelle aisance de Mathilde, autant de vertus apparentes qui reposent sur tellement de travail ! Impressionnante jeune femme…
Avec sa belle gueule, Guilhem, s’est vraiment trompé de voie : il aurait toute sa place au cinéma dans des rôles de dealers désespérés ou d’amoureux suicidaires. S’il veut néanmoins continuer, avant d’arrêter de chevroter et de chanter faux, il lui faudra d’abord apprendre à respirer moins maladroitement. Même avec l’absence de voix qui était la sienne, Léo Ferré avait fait de son « Avec le temps » un viatique pour l’éternité. Avec Guilhem, on a juste pris un aller-simple dans un grisâtre train de banlieue.
Yoann et Lilian sélectionnés par les téléspectateurs. Guilhem retenu par Zazie. Mathilde reste sur le carreau. Comment peut-on manquer de goût à ce point ?

Sacré quatuor et invivables choix avec Florent Pagny. Pour rattraper son jeune âge, Awa Sy a couru après l’inoubliable « Bang bang » de Nancy Sinatra, si cher aux fans de Tarantino. Elle est allée crescendo, (presque) toujours juste, enflammant l’affaire avec l’aide de musiciens d’exception. Que cette petite tigresse a du chien !
Toute de camaïeu de rose vêtue, mèche blonde gélifiée au vent, Halvia a rappelé aux plus anciens d’entre nous la Debbie Harry de Blondie en mieux, c'est-à-dire non seulement mutine mais de plus sachant chanter et enchanter…
Pour la deuxième semaine consécutive, choix de chanson consternant pour Anne-Sila avec « New-York » d’Alicia Keys. Mais pour la deuxième semaine consécutive, elle s’en est sortie avec un invraisemblable brio. Inspirée par la Grosse pomme, elle s’est débarrassée de la banalité de la mélodie avec une facilité déconcertante, améliorant même l’original !
Artiste d’exception, Camille Lellouche a de nouveau montré tous ses talents sur « Tous les mêmes » de Stromae, devenu en deux ans une valeur-étalon des télé-crochets. A l’aise sur scène comme une vieille routière, attaquant chaque note avec les dents qui déchirent la vie, Camille a sorti des graves épatants précédant des accents montants vers les hauts dignes d’une vraie blueswoman. Un plaisir pour l’esprit comme pour l’avidité de l’amateur de sensations vocales.
Les téléspectateurs ont gardé Awa et Anne-Sila. Le choix était douloureux pour Pagny, qui a retenu Camille. Dommage pour Helvia et son prénom si doux aux nostalgiques des épopées routières…

La rigolade pouvait enfin démarrer avec le Jennifer’s team. Côme est aussi sympa qu’il chante avec ses pieds. Je l’ai laissé sur le « Stabat puer » de Calogero (le pendant d’un Stabat mater, les latinistes et mélomanes comprendront) pour ouvrir ma boîte de lapins en chocolat. De loin, on peut légitimement estimer qu’il chante mieux que lorsqu’il ne crie. Habillée en veuve corse, mais néanmoins joyeuse, la froufrouteuse de Balagne a lâché pour commentaire un inoubliable : « Je lui ai proposé une chanson en français. Il l’a comprise… ». No comment.
L’inévitable séquence patronage nous a été offerte par Alvy. Toujours à côté de ses notes, l’ex-tirailleur a béatement chanté une mièvrerie à la hauteur de sa prestation : sans voix, sans le moindre talent, ni la moindre inspiration. Indigne de ce niveau.
Manon Palmer a sublimé un air dont plus personne ne se souvenait qu’il était de Christophe Willem. Quelle dommage de voir nous quitter cette si jolie princesse qui sait chanter, monter et redescendre avec autant de justesse. Que la grâce continue à guider son envie !
Sortie de son répertoire, Battista Acquaviva a inquiété son monde en frôlant souvent le crash. Et les contours du Monte Rodondo sont âpres pour les aventuriers. Son « Whiter shade of pale » mâtinant des réminiscences de Joan Baez de chants d’oiseaux, a été ponctué de fausses notes redoutables, compte tenu de sa tessiture suraigüe. La plus futée des renardes du maquis n’y aurait  pas retrouvé ses petits.
Les téléspectateurs ont retenu Alvy et Battista. La vermine de Solenzara a bien évidemment choisi Côme. Comme on pouvait s’y attendre, les plus jeunes partent parfois les premières…

A l’arrivée, une bien belle soirée, magnifiée par Yoann et Yann’Sine, et marquée par Camille . Sans oublier la formidable Mathilde, que l’on aurait aimé revoir ces deux prochaines semaines.

mercredi 1 avril 2015

Chantons tous « Comme toi »

Qu’il est difficile de décrire le néant ! Quand la vacuité vous vide de toute énergie créatrice, l’être se rétracte dans un reniement du monde propre aux larmes de l’impuissance. En un mot, cette soirée de The Voice s’est longtemps dessinée comme nulle et non avenue s’il n’y avait eu un miracle.

Il faut dire qu’avec les équipes de Mika et de Jennifer, s’attendre au miracle relevait du sauvetage du Titanic. Mika a démarré par un trio de charme virant rapidement à la soirée de dupes. Sur « Tainted love », Law a été d’une effroyable banalité et a fini par me percer les oreilles avec ses suraigus. Aucun intérêt. Se lançant dans « Survivor », Camille Lellouche a été remarquable à la fois par sa profondeur et sa malignité. Insuffisant pour Mika, mais si elle n’est pas une grande chanteuse, elle est dotée d’une incroyable personnalité. Florent Pagny ne s’y est pas trompé en la repêchant. Sharon Laloum a minaudé sur la reprise de Carmen de Stromae. Que dire, sinon que ce n’était pas bon ? Plein de mes voisines chantent mieux. Qualifiée par Mika . Bof….

Mariana Tootsie est une chanteuse de bar dont tomberaient amoureux marins perdus et camionneurs abandonnés. Elle a su ressortir du fameux « Prélude de Bach » de Maurane des graves encore plus charnels que ceux de la Diva belge. Cela n’a pas convaincu le grand lutin britano-libanais. Hiba Tawaji a braillé avec brio un air sans nom, telle une star qu’elle est déjà. Grand bien lui fasse, mais je n’achèterai pas ses disques, bien que Mika l’eût qualifiée pour la suite. Jacques a démarré faux pour finir très juste un redoutable « Métèque » qui n’appartient qu’à son auteur de légende. Sans rien transcender, sa prestation était méritoire. Merci, jeune homme à la belle voix !

Madeleine Leaper nous a fait retomber en enfance avec « Le temps des fleurs ». Il paraît que c’était une chanson de Dalida. Moi je me souvenais plutôt d’Ivan Rebrof. Mais en tous cas autre chose que cette version tristounette digne d’un concours de l’Eurovision. Thomas a ensuite hurlé du blues sans convaincre, malgré une belle chemise piquée au cowboy Marlboro. Dans cet océan de grisaille, que dire de l’incroyable performance de Yann’Sine Jebli ? Qu’est-ce qui nous a le plus ému ? Le message véhiculé par cette jubilatoire percussion des passés et des antagonismes odieux et tribaux qui nous perturbent depuis tant de décennies, ou la seule performance vocale de l’artiste ? Quand l’on chante le malheur de l’innocence avec une telle puissance et une telle sincérité, le public ne peut que s’incliner, ce qui fut fait après ces instants de grâce absolue qui ont propulsé le petit môme vers la gloire des directs. L’émotion était là. C’est parfois la magie de la téloche…

La prestation magique de Yann’Sine est visible en cliquant là.

Il est clair qu’après ce choc vocal et émotionnel, la soirée était d’autant plus pliée qu’il restait à subir l’équipe de Jennifer. Ne souhaitant pas bâcler la chronique, ni l’inutilement rallonger, je m’astreindrai à être bref.

La très tatouée Amélie a braillé « Black velvet » en couvrant le son de mon aspirateur, ce qui n’est pas un mince exploit. A éviter sous n’importe quel prétexte au petit déjeuner. Sweet Jane, toujours choucarde, a trouvé le moyen de se planter grave, sans aucune voix, sur « Non, non rien n’a changé » des Poppies. Je lui aurais donné dix balles pour qu’elle change de rame dans le métro. Manon Palmer, sur une chanson difficile, a été sublime comme on peut l’être à seize ans. On est heureux de la revoir pour le bonheur des yeux comme pour celui de l’âme, vu que la Taupe du Monte Cinto, pour une fois bien inspirée, l’a retenue pour la suite des événements.

Le crieur Côme a hélas été fidèle à lui-même en s’attaquant à « La bombe humaine » pour n’en faire qu’un « Pschit ». Mathilde s’est montrée très à l’aise sur « « Son of a preacher man », mais la mélodie, ou son interprétation, était trop scolaire pour susciter la moindre émotion. Quant à « Max Blues bird », il fait partie de ces inconnus genre « Petite Shadé » ou « Pom Pom Pidou » convaincus que rallonger leur surnom peut masquer leur absence totale de talent. Côme qualifié, Mathilde repêchée. L’Histoire n’en sera pas bouleversée pour autant…

Le dernier trio en piste comprenait au moins deux pénibles qui ont été à la hauteur de mes attentes les plus sombres. Battista Acquaviva commence à devenir lassante en proposant des performances toujours sorties du même tonneau. Ses fausses notes au violon ne l’auront pas servie aux yeux de ses détracteurs. Diem a alterné le bon et le moins bon sur « Ma Benz » et avait l’air plutôt empotée avec sa basse. Enfin, Johanna Serrano a eu beau paraître profondément pénétrée,  ses « Feuilles mortes » ont oscillé entre le trop fragile et la plus triste banalité. En repensant à la performance samedi dernier de la petite Awa sur « Quand on n’a que l’amour », on peut vérifier que s’attaquer à un chef d’œuvre exige un QI qui dépasse celui de la limace. La Bimbo des Iles sanguinaires a bien évidemment conservé sa compatriote.

En conclusion, malgré quelques moments plaisants, le festin avait un goût prononcé d’ordinaire. Il est vraisemblable que le vainqueur n’était pas sur scène ce soir….